Résidence senior deuxième génération

UNE DEMARCHE PARTICIPATIVE

Le Département du Bas-Rhin s’est engagé depuis plusieurs années dans le développement d’un habitat accompagné en faveur des seniors, en s’appuyant notamment sur une démarche d’évaluation du dispositif de résidence seniors mis en œuvre de 2012 à 2017. Les travaux ainsi conduits ont abouti à l’élaboration d’un nouveau cahier des charges départemental, « Résidence senior 2ème génération : un logement et un accompagnement pour les seniors », en mai 2019.

Aujourd’hui, l’objectif est d’approfondir et d’améliorer collectivement ce référentiel départemental en associant largement les acteurs directement impliqués dans les projets : bailleurs sociaux et partenaires territoriaux, dont en premier lieu les Communes, les communautés de communes et les CCAS.

La méthode de travail qui se veut collaborative se décline en trois grandes étapes. La synthèse des échanges qui se sont tenus lors de la première étape vous est présentée sur cette page.

OBJECTIFS DE LA DEMARCHE

> Construire un référentiel de bonnes pratiques grâce à une réflexion participative basée sur les pratiques existantes, référentiel qui vient alimenter le cahier des charges départemental.

L’ambition n’est pas de créer une matrice qui serait duplicable de façon universelle, mais de construire un socle commun autour des éléments essentiels qui constituent un « projet de vie en résidence senior » : fournir des repères aux opérateurs sur les raisonnements et méthodologies à adopter sur ce type de projet (ex : ne pas dupliquer, avoir une analyse systématique des usages…).

La construction d’un tel référentiel et d’un socle commun permet de :

  • Faciliter l’identification par l’ensemble des parties prenantes (communes, bailleurs sociaux, ergothérapeutes, etc.) de ce qu’est un projet de vie en résidence sénior ;
  • Faciliter les échanges entre les professionnels concernés ;
  • Identifier et développer les compétences nécessaires à la construction et l’animation des projets de vie ;
  • Faciliter la promotion des projets de vie.

RETOUR SUR LA CONFERENCE INSPIRANTE : REGARD D’UN SOCIOLOGUE SUR LES TRAJECTOIRES DE VIE DES SENIORS

Le 22 septembre 2020 à l’Hôtel du Département à Strasbourg

Intervenants

  • Michèle Eschlimann, Vice-Présidente du Conseil Départemental du Bas-Rhin en charge de l’Autonomie et du Silver Développement
  • Bernard Ennuyer, sociologue de la vieillesse, du vieillissement et du handicap

Vous pouvez retrouver une synthèse des échanges ci-dessous. La retranscription complète de la conférence est disponible via ce lien.

Les éléments structurants des échanges qui se sont tenus pendant la conférence et lors des ateliers vous sont proposés ci-dessous sous forme de courts verbatims. Nous avons choisi de mettre en avant les éléments les plus distinctifs, qui ont été évoqués à plusieurs reprises, et de les catégoriser dans un souci de lisibilité. Ce choix a été fait pour faciliter la lecture, de nombreux éléments sont donc par définition transversaux à plusieurs des catégories. Pour les découvrir, cliquez sur la ou les catégories qui vous intéressent :

1 - Des postulats et états des lieux plutôt partagés

  • Il y a une vraie prise de conscience partagée sur la pertinence de proposer un nouveau modèle centré autour du « projet de vie en résidence senior ».
  • Les représentants de certaines petites communes sont volontaires mais se sentent démunis en terme de méthodologie et de construction de modèle économique viable, notamment en milieu rural. Dans ce contexte où les politiques publiques évoluent, on passe d’un modèle basé sur l’hébergement à des projets d’habitat inclusif, ce qui implique des montages différents. On ne peut plus faire comme avant, mais comment on fait maintenant ?
  • Réel besoin d’accompagnement sur le montage de projet, à qui s’adresser ? Grosses difficultés se situent sur le montage/ingénierie de projet, et les porteurs ne savent pas comment être accompagné et par qui sur ce volet. En revanche volet architectural est lui maîtrisé. Monter les murs c’est facile, mais après ? Quid de l’architecture « humaine » ? Exemple d’un projet à Villé, où le bailleur s’est juste occupé du bâti, et la Mairie s’occupe de toute la partie animation.
  • On constate parfois un vrai delta entre le projet immobilier et la réalité du projet territorial et d’usage.
  • Il y a des communes qui ont envie de faire des choses pour l’animation de projets de vie, mais qui sont désemparées.
  • Il y a une volonté partagée de remettre au centre l’usager, avec des entretiens individuels, des parcours où il est acteur des aménagements et des changements de logement, au contraire par exemple de ce qu’on peut retrouver dans le secteur du médico-social.
  • On se situe finalement entre le parcours résidentiel proposé par les bailleurs, et l’accompagnement médico-social.
  • Perception des résidences seniors : d’un point de vue architectural elles ressemblent beaucoup aux EHPAD
  • Ce n’est pas le cœur de métier des bailleurs : faire, partager, animer, concerter… mais c’est complexe pour les bailleurs d’y investir du temps dans un souci de rentabilité.
  • Garder l’humilité de se dire que ce qui est prévu aujourd’hui ne correspondra peut-être plus aux attentes dans 10 ans !

2 - Une diversité des situations de vies et de territoires qui nécessite une personnalisation de chaque projet

  • Chaque projet doit rester un prototype, pas une industrie !
  • Cas des petites communes en milieu rural pour qui le modèle économique est compliqué à définir. Les personnes âgées veulent rester dans leur village, elles ne veulent pas déménager. Mais est-ce viable économiquement d’implanter de tels projets dans des villages, en milieu rural ?
  • Des spécificités du territoire sont pointées : les personnes âgées sont propriétaires de grandes maisons, terrains, espaces extérieurs… Ils ne se projettent pas dans de petits logements ! Mais ils ne parviennent plus à entretenir leur propriété, à payer les charges…
  • Une multitude de cas de figure différents peut se présenter ! Certains bailleurs vont essayer de se mettre dans une autre dynamique, mais ils testent un modèle et se contentent de le dupliquer, or il faudrait s’adapter à chaque fois au contexte local.
  • Il faut une diversité de solutions, d’alternatives, pour permettre aux gens de choisir : De l’habitat participatif/alternatif, du maintien à domicile, de l’intergénérationnel… Les résidences seniors ne sont qu’une partie de la solution.
  • Des logements adaptés sont également proposés en habitat classique car tous les seniors ne sont pas en résidence senior. Les seniors peuvent faire le choix d’y vivre en raison de la solitude, suite à une expulsion, en pensant que ce sera temporaire et finalement ils s’installent dans la durée…
  • La salle commune est un espace transitionnel ; les personnes âgées ont besoin de temps, de liberté, c’est pourquoi il faut envisager des services à la carte.
  • La salle commune : on la met systématiquement ou non ? Et qu’est-ce qu’on y met ? Comment on la finance ?
3 - Des modèles économiques hybrides et des partenariats indispensables avec les acteurs locaux
  • Quand on conçoit une résidence senior, ce n’est pas que l’affaire du bailleur, des opérateurs, mais c’est l’affaire de tout le monde. Le décréter ne suffit pas, il faut l’animer.
  • Enjeu : arriver à mettre autour de la table l’ensemble des parties prenantes et construire un modèle économique (plus facile avec 20 logements que 4 ?) adapté au bassin de vie sur lequel la résidence senior s’implante et pérenne dans la durée (baux de 40 à 50 ans).
  • Craintes financières par rapport à la pérennité du financement, alors que le risque est faible : la demande est forte et les taux de vacation très faibles ou inexistants, taux de rotation de 10 ans en moyenne.
  • Difficulté de faire venir les bailleurs sociaux sur de petites communes en milieu rural, à cause de la question de la taille critique liée à la gestion locative.
  • Sur les territoires ruraux, indispensable de rencontrer les acteurs locaux, notamment associatifs, pour faire une étude territoriale, mais sans s’enfermer dedans et prévoir les futurs possibles.
  • Echange autour de l’habitat évolutif, qui doit l’être au maximum et l’habitat inclusif. Quel que soit le type d’habitat, nécessité d’être vigilant quant au coût et au modèle économique. Par exemple, à Bischheim, les repas marchent très bien pour le lien social mais ne sont pas rentables.
  • Les travaux précédemment réalisés (notamment le rapport d’évaluation) insistent tous sur la nécessité de construire un projet de vie en lien avec les acteurs du bassin de vie des seniors.
  • Il existe une réelle demande de loyers peu élevés pour les seniors.
  • Nécessité d’un collectif pour la réflexion et la mise en place.
  • Comment on intègre la résidence senior dans la vie locale ?
  • Jusqu’où on peut aller en résidence senior avec des personnes qui commencent à avoir des soucis médicaux ?
4 - L’usager en tant qu’acteur de son projet de vie en résidence senior
  • Intergénérationnel : ne fonctionne pas ? Quelle place pour les personnes âgées dans ce type de projets ? On ne leur demande pas leur avis, on ne les consulte pas suffisamment…
  • Les seniors ne sont pas forcément en attente de faire des choses avec des enfants !
  • Concernant l’intergénérationnel, l’animation ne marche pas forcément, surtout avec les jeunes.
  • Dans certaines résidences gérées par une association, un entretien individuel est mené avec les futurs résidants, pas que la famille. Il s’agit de voir les réelles motivations, et d’entendre d’abord la parole des personnes âgées, de les remettre au centre et les rendre acteur.
  • Il y a une volonté partagée de remettre au centre l’usager, avec des entretiens individuels, des parcours où il est acteur des aménagements et des changements de logement, au contraire par exemple de ce qu’on peut retrouver dans le secteur du médico-social.
5 - Des pistes d’action et des premières expérimentations
  • Certains bailleurs sociaux proposent déjà des accompagnements renforcés (exemple direction habitat solidaire chez Neolia).
  • Bailleurs sociaux qui pour certains ont innové sur le sujet, mais souvent de façon cloisonnée et qui ne sont pas allé jusqu’au bout de la démarche.
  • Il y a aussi chez certains bailleurs des chargés de mission qui sont recrutés sur la thématique de projets de vie.
  • Bailleurs qui doivent parfois innover pour contourner la réglementation. Les élus le pointent aussi comme une contrainte forte : la réglementation met du temps à s’adapter à l’action. La société va plus vite, trop vite par rapport à la réglementation.
  • Bailleurs qui intègrent la notion de maîtrise d’usage, voir d’AMU.
  • Mutualisation de l’animation entre plusieurs résidences ? Concernant le projet d’Eckbolsheim : porteur de projet en discussion avec le CCAS de la ville pour l’animation commune avec le bailleur sachant que la ville est gestionnaire. Il s’agirait surtout de la coordination du planning de la salle commune, de son utilisation. Sinon, possibilité d’une association type ABRAPA. Plusieurs questions se posent : embaucher un coordinateur ? Le mutualiser sur plusieurs RS ? Quel coût pour les locataires ? Mise en place d’une plateforme numérique pour gérer le planning ?
  • Des premières initiatives dont on peut s’inspirer au local et au national, mais également en Europe (cf. liste ci-dessous).
6 - Un référentiel, pour quoi faire ?
  • Discussion sur la question du référentiel : ce n’est pas un cadre normé, c’est d’abord où est-ce qu’on se situe ? D’où on part ? Ce n’est pas définir des règles auxquelles tout projet doit se plier. Ça a vocation à donner des repères partagés à la collectivité ou aux porteurs.
  • Un référentiel pourrait être adoptés par certains acteurs comme un « cahier des charges » ou une « liste à cocher ». Mais un référentiel doit davantage être promu comme un état d’esprit, des principes d’action qu’il faut faire vivre. Il doit justement pouvoir permettre de s’adapter à la diversité des situations.
  • Question de la temporalité : comment le référentiel, même s’il n’uniformise pas tout, permet d’accélérer des projets très longs à se monter, et qui parfois ne sont pas ?
  • Le référentiel doit se nourrir des échecs et erreurs avant tout ! Pose la question de l’évaluation qu’on fait de ce qui a déjà été mis en place et testé.

ATELIERS DIGITAUX : « BIEN-VIVRE DANS SA RESIDENCE SENIOR »

Le 10 décembre 2020, en ligne sur les outils Zoom et Klaxoon

Ces échanges se sont tenus sur la base de 4 histoires de vie en résidence senior que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

La synthèse des échanges sera bientôt publiée.

DANS LA CONTINUITE DU HACKING SILVER CAMP

Cette démarche participative autour des résidences senior s’inscrit dans le prolongement du Hacking Silver Camp, projet mené depuis 2018 qui vise à favoriser l’émergence de nouveaux projets qui répondent aux enjeux du vieillissement.